Marie-Thérèse Brousse, jeune violoniste de vingt-deux ans, rencontre, au printemps 1934, le poète Jean Malrieu. Elle devient dès cette date « Lilette » sa compagne, son inspiratrice. Elle appartient à une famille de la petite bourgeoisie du sud-ouest (Figeac et Montauban) et reçoit une éducation conforme à son milieu, apprend le violon et l’enseigne.
Sa rencontre avec Jean Malrieu, d’origine montalbanaise, va profondément bouleverser le cours prévisible de sa vie. Elle devient sa femme en 1938. Leur fils, Pierre, nait en 1943.
Une vie commune qui se déroule essentiellement à Montauban, à Marseille et enfin, dans le Tarn, à Penne-de-Tarn puis à Bruniquel. Elle s’interrompt en 1976 à la mort brutale de Jean Malrieu.
Jean Malrieu est connu en tant que poète d’œuvres majeures et son travail fut récompensé par des prix
prestigieux : Prix Apollinaire, Prix Artaud. Mais ce qui fut oublié, c’est que Lilette créa également une œuvre poétique. Dès 1939, et tout
particulièrement dans les années 1950, elle écrivit des poèmes, entraînée, soutenue, conseillée par Jean. Et elle fut publiée dans la revue marseillaise Les Cahiers du Sud, au côté de grands poètes et écrivains de cette époque.
Longtemps, me dégageant du désir même du sommeil
J’ai suivi mon chemin, reconnu sur ses traces
Toute la géométrie de l’amour
Et dans ses lignes jetées sur le monde
Retrouvé la noire la violente liberté de la vie.
ISBN: 979-10-90272-28-6
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Auto-édition
EXTRAITS
Poèmes tirés du recueil cité "Œuvre poétique. 1939-1965"
Ce soir
Le hibou tend et noue son velours sur le vent,
L'araignée d'eau étreint la lune sur la mare
Et le mulot qui gîte dans les meules rêve de faims comblées.
Au loin un horizon s'élève en bulle d'étoiles,
Une soie se pose sur la joue rêche.
La sève rampe portant son bruissement d'incendie,
Donne ses chances à la forêt, contient la puissance des eaux,
Ouvre le noyau et le grain,
Émeut jusqu'au vieux monde inerte de la mort
Qui s'effrite et se mêle à elle.
Longtemps, me dégageant du désir même du sommeil,
J'ai suivi mon chemin, reconnu sur ses traces
Toute la géométrie de l'amour
Et dans ses lignes jetées sur le monde,
Retrouvée la noire, la violente liberté de la vie.
L'ombre
Je t'ai parfois revu
Au hasard de la foule porteuse de nouvelles
Au cœur de ma vie s'en va ton regard
La boucle noire de ton silence mon aveu
Patience au rythme du sang
Mes yeux savent le vert du temps
Mais mon visage m'empêche de te voir.
Beau temps
Le vent joue devant la porte
Dans le jardin familier.
Longuement le sommeil s'allonge
Et dort, têtu, sur l'allée.
Mais déjà derrière la grille
L'été a roulé, détaché du temps.
Il faut regagner la chambre trop claire
Il ne faut rien oublier
Essuyer la vitre, y tendre
Le beau temps apprivoisé,
Penser à tout, tout repeindre
La ville, le calendrier.
J'apprends un amour si sage
Qu'il sait bien désespérer.